A chaque instant, tout est à re-construire. Face à cette manière de voir, une certaine complaisance sert toujours de toile de fond. C’est bien dommage qu’on ait eu 12 janvier. Dès qu’on parle des problèmes à résoudre, 12 janvier devient un leitmotiv de tous les maux nous ayant accablés tout en nous empêchant de nous retrouver sur la route du progrès et du développement. Nous aimons bien nous plaindre en nous référant à des causes injustes que nous pouvons dépasser. Quant à la re-construction, elle n’a pas pris de temps à devenir une plus-value politique pour attirer un plus large électorat. D’aucuns questionnent l’existence d’une réelle volonté d’agir pour reconstruire le tissu social en morceaux depuis les premiers moments de l’Indépendance. Tout porte à croire que nous ne sommes pas dignes de ce beau cadeau que nos ancêtres nous ont légué.
Il y a des couleurs certes dans ces photos mais elles sont floues par le contexte qu’elles portent. Malgré le fait qu’elles soient floues sans oublier cette marque de pauvreté qui est sous-jacente, ces photographies sont porteuses d’une charge émotionnelle rare pour ceux qui ont connu les beaux jours de ce pays.
Haïti, dans la mémoire de ceux qui ont vécu avant nous, serait cette terre sur laquelle la notion de Bonheur aurait pris naissance. Hélas, bien des situations ou des faits glorieux qui perdent de leur importance! Toutes les fois que notre sol est foulé par des étrangers qui ne sont pas là pour nous admirer ou nous aider mais pour nous commander avec des fusils de paix ou nous donner des leçons de civilisation parce que nous serions inaptes à réaliser ce que nous voulons. L’effritement des valeurs se voit à tous les niveaux.
Je sens que certaines personnes ne connaissant Haïti que par les médias occidentaux ne croiront pas que ce sont ces images. Certains de mes amis à l’étranger ne veulent pas me croire car pour eux, on a perdu de cette beauté qui rendait manifeste notre grandeur. C’était il y a plus d’un bi-centenaire.
Des faits, des actes, des paroles, une histoire, des guerres de conquête, des campagnes! Oui, il en faut sans doute!
Penser l’indicible qui me flagelle, m’humilie
Courir après les obstacles, les dépasser, détruire
Dire oui quand il faut dire non, mon destin
Souffrir en chassant la solution, périr, tout
Encore un point de mon projet
Rêver une source chaude en plein pôle nord
Danser sous la pluie dans le Sahara
Manger pour le futur au péril des dangers
Faire de l’Enfer mon salut et non la Providence
Encore un point de mon projet
Ma souffrance devant la misère du monde
La Pitié que mes prochains n’auront jamais
Les mensonges incroyables des dirigeants coupables
L’injustice qui sévit partout, qui fait des disciples
Ce sont encore des points importants
Malgré tout
Il faut aimer la vie
Il ne faut pas faire souffrir
Il faut bannir l’idée de vengeance
Compte sur toi-même avant tout
Dieu ne peut pas tout régler
Tout ce que vous venez de voir ou de lire ne signifie rien. C’est certain que nous n’avons rien fait mais la beauté existe chez nous et nous en sommes fiers. Nous savons que nous devons agir pour la garder, la conserver pour les générations futures mais nous ne savons pas encore par quoi commencer. Je ne sais pas qui a dit que replonger sans cesse dans le passé peut fausser la vision du présent. Je dirais de préférence que replonger dans le passé ne peut que sensibiliser sur les actions à envisager.
Césaire avait déjà compris que nous ne sommes pas les rebuts de l’humanité. Je dis qu’il nous manque seulement la force de la vision d’ensemble et du partage. Nous devons créer ce système d’action croncret où chacun construit sa place à sa manière dans les processus décisionnels. Nous sommes anéantis, submergés par la dictature du paraître, nous n’existons que pour nous faire remarquer. A force de toujours vouloir montrer ce dont nous sommes capables ou ce que nous avons fait nous oublions de travailler en vue d’apporter à nos semblables ce que nous leur devons. Sartre n’a-t-il pas dit que l’important n’est pas ce que l’humain fait de lui mais ce qu’il fait de ce qu’on a fait de lui? Cela devrait nous rendre plus activement impliqués mais nous ne le sommes pas. Nous sommes dans la colère, dans la vengeance et dans la calomnie et nous oublions la force de l’agrégat des actions individuelles infinitésimales en pensant que nous sommes impuissants. Mon cri n’est pas celui de la révolte mais celui du changement du contexte macabre. Ce n’est pas en changeant de gouvernement ni en changeant de régime politique mais la foi dans le paradigme du « vivre-ensemble » et la culture de l’intérêt collectif.
J’ai visité Haïti à travers de nombreuses photos que j’ai prises et également celles prises par des gens que je ne connais pas mais qui vont certainement reconnaître leurs oeuvres. Je me rends compte de ce que nous avons fait, de ce que nous avons appris à faire mais hélas, tout a presque disparu: qu’allons-nous faire? Que nous est-il possible de faire? Quand commencer à le faire? Pourquoi nous avons choisi d’oublier ces trois questions que la mère posait à son fils le jour de sa naissance alors qu’il ne savait même pas parler?
a) Que dois-tu à toi-même? b) Que dois-tu à ta Patrie? c) Que dois-tu à tes semblables?
Il n’est pas trop tard pour recommencer à réfléchir, à méditer, à voyager dans l’intérieur des terres pour retrouver la pierre cachée qui sera la première pierre.
On réfléchit encore sur ces notions: Exploitation – Esclavage – Maltraiter
Massacrer – Humilier – Terrifier
Supprimer – Avorter – Exterminer
Guerroyer – Envier – Détruire
Fusillade – Fracassement – Ossements
Mésinterpréter – Mentir – Dénoncer
Injurier – Gifler – Flageller
Matraquer – Abattre – Enterrement
Peur – Misère – Désolation – Souffrance
Injustice – Malversation – Corruption
Irrespect – Démocratie – Hégémonie
Argent – Pouvoir – Mort – Discours
Demain – Passé – Attendre – Espérer
Force – Théologie – 1804 – 2010
RPK – GNB – Duvalier – Aristide
Privilège – Existence – Diplomatie
La Mondialisation n’est pas un mal
Des lauriers sous mes pas
Des chants de gloire sur mes lèvres
Du miel dans le cœur auréolé
Je marchais vers ce paradis noir
Ce paradis faisait la fête dans mon cœur
Ce berceau de bébés traîtres et hypocrites
Ce coin d’histoire à jamais révolu
Ce joyau de l’humanité
Ton drapeau est hissé dans mon cœur
Comme la femme haïtienne chantant l’amour perdu
Je te vois dans mes rêves les plus extra
Dans mes plats les plus exquis
Quand je marche vers toi
Mon cœur dans e de joie de te revoir
A chaque battement du tambour
Mon cœur tressaillit en palpitations de gloire
Le son du tambour m’arrive comme mon plat journalier
Mon âme ne saurait ne pas t’appartenir
Quand je pense à mon passé délivré par tes fils
Je revois les premiers hommes que tu nous a donnés
Je me demande si Dieu n’est pas de toi
Sûrement tu me caches quelque chose
Je sens que je suis ton fils
Je compte passer à l’action
Je veux leur dire qui tu es vraiment
Ils apprendront, par moi, le chant de ta gloire
Ils sauront te louer à jamais pour le rachat de ton nom
Ils chanteront ton nom partout
Je leur forcerai à faire honorable amende
Envers toi, ils seront reconnaissants
Ils apporteront de l’eau pour ta soif
Le mais sera bien grillé pour tes délices
Le clairin rassi sera de la partie
La viande flambée ne manquera pas
Tu auras toutes les meilleures salutations
A genoux, ils te demanderont pardon
Pour avoir dit que tu n’as pas créé la poudre
Pour avoir dit que tu es l’incarnation du péché
La fille de Satan rejetée pour son anomalie sociale
Le mauvais pas qui fait tomber dans l’abîme
La goutte d’eau qui fait déborder le vase du mal
La plante vorace qui gâte les bonnes récoltes
Promets-moi que tu souriras
Que tu leur accorderas de pardon
Que tu les recevras avec bonne mine
Que le son du tam-tam les accueillera
Promets-moi de ne pas pâlir
Promets-moi de sauter de joie
Réjouis-toi comme à jamais